lundi 13 avril 2009

Mon chéri dort, Cécile dessine, la pluie tombe, et moi, j'écris...

Le petit Lutin
Elle était toute petite, assise sur le rebord de ma fenêtre, et elle me regardait. Sa tête était légèrement inclinée, ses cheveux tout ébouriffés, ses oreilles pointues, ses yeux coquins.
Je l'avais trouvée allongée sur une feuille d'arbre un jour, sous la pluie. Sa peau était toute transparente et froide; elle était en train de mourir... Je l'ai prise entre mes mains, avec la plus grande douceur; la chaleur l'a un peu ravigotée.
Arrivée chez moi, elle avait repris des couleurs. Je lui ai fait un lit de coton, que j'ai posé sur le radiateur. Je lui ai fait une table avec le couvercle d'une boîte à bijoux, j'ai mis de l'eau dans un bouchon de bouteille, de la nourriture dans un autre, et j'ai attendu...
Je me suis endormie, la tête sur mon bureau. Au petit matin, quand j'ai ouvert les yeux, le petit lutin était debout près de moi.
"Tu es qui? m'a-t-elle demandé de sa voix de petite fille.
-Je m'appelle Laurie. Et toi?
-Myra... Tu es un humain?
-Heu, oui...
-Je n'en avais jamais vu. J'habite de l'autre côté de l'air, c'est pour ça que les humains ne nous voient pas, et que l'on ne voit pas les humains. Mais moi, je crois que je me suis perdue en suivant un courant d'air... Merci de m'avoir sauvée!"
Elle s'assit sur le rebord de ma fenêtre.
"J'ai de la chance, il pleut. Je n'ai qu'à trouver la bonne flaque!"
Elle se jeta de ma fenêtre et, sautant de goutte en goutte, elle arriva indemne sur le sol. Elle erra un moment sur la route, entre les pneus des voitures et les pieds des passants qui ne semblaient pas la voir. Puis elle disparut dans une flaque d'eau. Un instant, je crus voir tout un monde, dans cette flaque: un château, des ruelles, des fées, des lutins, de la lumière. Mais en une seconde, tout disparut.
Parfois, j'ouvre les yeux en pleine nuit, et je distingue nettement la forme de Myra, qui me regarde, assise dans le clair de lune. Mais en un battement de cil, elle disparaît, comme si tout n'avait été qu'un rêve. Cependant, je trouve encore, chaque matin, une fleur ou une baie sur le rebord de ma fenêtre.
A Cécile

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